Disons-le sans détour, je suis fan du photographe, amoureux moi-même de photographie et de la nature, nourri aux reportages du commandant Cousteau et aux émissions des Animaux du monde. Je l'ai connu avec l'album La terre vue du ciel, que je n'ai d'ailleurs pas acheté (un pressentiment?). Mais déjà un changement de regard, de perspective dans tous les sens du terme, tel celui qui est apparu avec la première photo de notre planète bleue, prise par les astronautes de la mission Apollo 17 en 1966. La photographie de la terre vue de la lune, participera aussi de ce phénomène : nous donner une perception visible de notre place dans l'univers.
Ses autres ouvrages, Chevaux et Bestiaux révèlent une approche naturaliste des sujets abordés. On retrouve une approche de l'histoire naturelle chère aux grands classificateurs (Linné, Buffon) contemporains des encyclopédistes. Cette approche m'a aussi séduit.
Mais qu'en est-il de ce reportage ? C'est à mon sens un film de photographe : de longs plans animés et aériens se succédant au rythme des commentaires. C'est une sorte de prolongement de la démarche initiée par la terre vue du ciel. Une approche esthétisante des problèmes de notre trop petite planète. La dernière partie, abordant quelques solutions, vient très tard et reste désespérément limitée. Ces tentatives d'analyses ne correspondent pas à la démarche qui a présidé à l'essentiel du film. Ces critiques pourront être paradoxales avec le fait que j'ai aimé ce film. En effet, l'approche esthétisante, loin d'être un frein à la prise de conscience, peut en être un vecteur, meme s'il a ses limites. De plus, la juxtaposition de données brutes me semble essentielle pour développer une perception qui se doit globale de l'écologie. Reste l'analyse : elle est l'une des critique faites au film, de par sa pauvreté notamment. J'ai envie de répondre qu'il faut prendre ce film pour ce qu'il est :l'aboutissement de la démarche esthétique d'un génial photographe.
Toute oeuvre a ses détracteurs. Voici l'une des plus abouties:
- Tout d'abord, l'excellente émission radiophonique intitulée Là-bas si j'y suis en date du 26 juin 2009 : http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_14288.xm . On y dénonce une "tartufferie écologiste" n'abordant que peu les causes, et masquant les réalités économiques et sociales. On critique aussi le mécanisme de la compensation carbone, qui n'est pas neutre pour l'environnement.
- Un débat plus distancié, sur France-culture, dans l'émission Du grain à moudre du 9 juillet 2009, Développement durable: le capitalisme vert est-il possible? rtsp://streaming.od.tv-radio.com/france_culture/GRAIN/GRAIN20090709.rm
- Les circonstances de la diffusion de ce film- à la veille du scrutin européen- et la proximité de ses initiateurs au pouvoir politique fait l'objet de nombreux commentaires : cf. Libération et le Monde.
- Un article de rue 89, enfin : http://www.rue89.com/la-bande-du-cine/2009/06/08/le-film-home-une-forme-de-propagande-ecologiste
- Le monde du silence : à mon sens le premier film écologiquement militant (à replacer dans le contexte de son époque) ayant eu une audience internationale. Ce film du commandant Cousteau a été primé à Cannes en 1956 et a reçu l'oscar la même année pour le meilleur reportage. Il reste le film français le plus regardé aux USA.
- Une vérité qui dérange : ce film d'Al Gore reste un référence, tant par son impact que l'on peut qualifier d'historique, que par son contenu.
- We food the world : ce film aborde les travers de l'industrie agro-alimentaire.C'est la réification du vivant et les contraintes nées de l'industrialisation de l'agro-alimentaire qui sont montrées au travers de ce film-documentaire.
- Le syndrome du Titanic: d'audience nationale, le film de Nicolas Hulot semble peiner à trouver son public, bien que plus profond et plus engagé dans les analyses présentées. La bande-annonce: http://www.youtube.com/watch?v=opyO8wlAM0k
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